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Pourquoi résoudre un problème est un problème

Mar 19, 2021

Cette semaine, j’aimerais partager avec vous quelque chose de plus conceptuel que d’habitude, peut-être même un peu plus philosophique. Ça m’a été inspiré d’une situation clinique avec une patiente qui a développé une problématique de sciatique, donc des douleurs qui partent du dos et qui irradient dans la jambe. Cette sciatique était due à une problématique de canal lombaire étroit, c’est-à-dire que des changements dégénératifs au niveau de sa colonne ont fait que son canal lombaire s’est rétréci et commence à pincer les nerfs. Tout le monde s’est focalisé sur cette problématique locale, que ce soit en kinésithérapie, physiothérapie, en ostéopathie, il y a eu des infiltrations, etc. Finalement, on lui a présenté que pour résoudre son problème, il fallait qu’elle se fasse opérer. Tout le monde s’est focalisé sur cette problématique et le système médical l’a opérée. À la suite de cette opération, l’opération n’a pas réussi, ça a donné une situation avec plus de douleurs et un fonctionnement encore moins bien avec des pertes de force assez marquées. Le problème en a généré un autre et maintenant, on lui dit qu’il faut de nouveau l’opérer.  

 

Concept

Ce n’est pas la première patiente que j’ai dans ce cas. J’ai eu des patients qui se sont faits opérer une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, ça ne marche toujours pas et on leur propose encore une opération. Au bout d’un moment, la question est : quand est-ce qu’on va considérer qu’essayer de résoudre ce problème crée encore plus de problèmes ? C’est quelque chose de véritablement « épidémique », c’est cette notion  que la plupart des gens se focalisent sur le fait d’essayer de créer de problème. On ne se rend pas compte qu’en se focalisant sur ce problème, on nourrit le problème, on le renforce. C’est quelque chose de très important à comprendre : plus on se focalise sur le problème, plus il se nourrit, plus il peut ressortir sous une autre forme. Il va donc falloir changer notre perspective, parce que si vous êtes dans une problématique qui continue malgré toute l’énergie que vous essayez de mettre pour qu’elle se résolve, c’est le temps de comprendre que peut-être il va falloir une perspective différente, nous allons en parler juste après.

 

Exemples

Une chose très intéressante à observer est que cette réalité, on la vit au quotidien. Prenons l’exemple de la pandémie actuelle. C’est un virus nouveau, émergent, mais dans la société ce n’est pas la première fois que ça arrive. Sur les 100 dernières années, il y a déjà eu plusieurs pandémies, mais aujourd’hui on a considéré que ce virus est un problème. Au lieu d’imaginer la situation en se disant que les virus font partie de notre écosystème, comment peut-on vivre en équilibre avec ce virus, on s’est attaqué à cette problématique du virus et on a pris un certain nombre de décisions (confinement, couvre-feu, etc.) que les études (notamment celles publiées par l’équipe du Pr Ioannidis aux États-Unis en début de l’année 2021) montrent maintenant qu’elles ne servent pas à grand-chose. On a donc pris des mesures pour se focaliser sur ce problème, et on voit que ce n’est pas en train de résoudre le problème lui-même, il y a cette deuxième vague qui dure encore plus, il y a ces variants qui arrivent, et on est en train de se rendre compte que notre solution au problème est en train de créer un problème encore plus énorme. En médecine, c’est souvent ça : on se focalise toujours sur ce problème et on ne se rend pas compte qu’on est en train de créer encore plus de problèmes.  

Deepack Chopra, médecin américain qui a énormément participé au mouvement de médecine complémentaire et alternative, dans une interview sur le cancer, à la question « Est-ce qu’un jour on pourra guérir le cancer, éliminer le cancer ? » avait répondu avec raison « Il y a plus de gens qui vivent du cancer que de gens qui en meurent ». Ce qu’il entendait par là est que ce problème du cancer est devenu toute une industrie autour : des dizaines de milliers de chercheurs qui se focalisent sur ce problème, des investisseurs qui investissent de l’argent, des universités, des instituts de recherche qui sont impliqués. Donc cette recherche autour du cancer, cette maladie, cette tentative de résoudre le problème du cancer a généré des centaines de milliers de vies dépendantes au niveau du travail des gens, au niveau de gagner de l’argent avec les médicaments contre le cancer, et finalement c’est totalement illusoire d’imaginer qu’on va pouvoir se débarrasser un jour du cancer parce que ça voudrait dire que toutes ces personnes, toute cette industrie, toute cette recherche, tous ces instituts, tout cet argent qui vient du gouvernement pour financer les recherches n’auraient plus de raison d’être. Donc en se focalisant sur le cancer comme problème, on le nourrit encore plus et quelque part, plus de gens vivent du cancer, comme le disait Deepak Chopra, que de gens n’en meurent.  

On voit ce processus partout en médecine. On m’a même formé à ça : quelqu’un vient avec des douleurs et ce qu’on veut, c’est ne plus avoir de douleur. On enlève les douleurs, et qu’est-ce qu’on met à la place ? C’est une grande question philosophique fondamentale, mais en se focalisant sur cette problématique, au mieux on enlève cette problématique, mais on n’a rien créé de nouveau dans le monde. Je vais y revenir juste après.  

Dernier exemple, parlons des anti-inflammatoires. C’est quelque chose qu’on avale comme des bonbons dans notre société, au moindre bobo, à la moindre entorse, hop, un anti-inflammatoire. On pensait que les anti-inflammatoires résolvaient le problème de ce qu’on appelle l’inflammation. En 1903, on s’est rendu compte qu’on faisait quasiment tout faux. Pendant très longtemps, on a pensé que quand on se blesse, l’inflammation augmente dans votre corps, un peu comme une voiture qui accélère, et ensuite, comme une voiture qui aurait accéléré, on retire le pied de l’accélérateur et avec la friction de la route, au bout d’un moment la voiture va s’arrêter d’elle-même, cette inflammation s’arrête d’elle-même. En 1903, les chercheurs ont montré que ce n’est pas le cas, qu’il y a une phase active de résolution, c’est-à-dire qu’il faut non seulement enlever le pied de l’accélérateur et presser également sur le frein. On a découvert que oui, les anti-inflammatoires évitent qu’il y ait trop d’inflammation, donc que la voiture n’accélère trop vite, mais par contre ils empêchent la phase de résolution, c’est-à-dire qu’ils empêchent de freiner. C’est comme si on était dans une voiture, et après avoir accéléré, tout ce qu’on a à faire est de lever le pied, mais en fait, on est en train de réaliser qu’on est dans une voiture et après avoir accéléré, c’est comme si on était sur une route sans friction, la voiture va continuer à avancer si on ne fait rien et qu’il faut activement presser sur le frein. Les anti-inflammatoires empêchent de presser sur le frein donc la voiture ne n’arrête jamais. Cette inflammation qui est aiguë au départ devient une inflammation chronique.  

 

Je pourrais vous citer des dizaines d’autres exemples de problématiques, comme les médicaments à base de morphine par exemple. On essaie de calmer la douleur, mais on sait que de manière sous-jacente, ça crée encore plus de neuroinflammation qui participe à cette douleur. Quasiment toutes les approches en médecine, en se focalisant sur ce problème, arrivent avec leur lot et leur bagage de problématiques secondaires associées. Maintenant, que fait-on, quelle est la solution ?


Que voulez-vous ?

La solution est qu’on retourne de plus en plus à vouloir quelque chose au lieu de ne pas vouloir. La notion de problème est essentiellement focalisée sur essayer d’éliminer quelque chose qu’on ne veut pas. En éliminant ce que l’on ne veut pas, ça ne nous donne toujours pas la notion de ce qu’on veut vraiment. Si vous avez mal et que vous ne voulez plus avoir mal, on peut vous donner des médicaments qui vont vous faire vous sentir mieux, mais qui potentiellement vont vous rendre addicts. Est-ce que c’est ce que vous voulez pour votre vie ? Non, mais que voulez-vous ? Plus de vitalité ? Plus de santé ? La notion est qu’en créant plus de bonnes choses, très souvent, dans la majorité des cas, ce truc qu’on voulait éviter disparait de lui-même. C’est très intéressant parce que si vous regardez la plus grande partie de l’humanité, les créations qui ont vraiment révolutionné notre monde, ce sont des choses qui se sont focalisées sur « qu’est-ce que je veux? »  

Prenons l’exemple d’Apple et sa création de l’iPod. Quand il a créé l’iPod, était-ce un problème à résoudre pour Steve Job ? Est-ce que des gens sont venus lui dire « Il faudrait vraiment résoudre ce problème que je ne peux pas me balader avec 1000 musiques dans une petite boite que je peux mettre dans ma poche ? » Non, c’est quelque chose qu’il voulait faire, qu’il avait envie tout d’abord pour lui-même et qui a révolutionné le monde.  


Exercice

L’exercice aujourd’hui est : qu’est-ce que vous voulez ? Et voulez ce que vous voulez. Vous avez le droit de vouloir des choses sans devoir vous justifier. Donc si vous avez un problème, au lieu d’éliminer ce problème, prenez un moment pour vous demander ce que vous voulez et quel est le moyen d’y arriver. N’entrez pas dans la dynamique « Ce que je veux, c’est ne pas avoir de problème ». Si vous avez des douleurs, mettez-les de côté un moment. Que voulez-vous vraiment ? Vous voulez le mouvement complet : que pouvez-vous faire pour ce mouvement complet, sans vous focaliser sur ces douleurs ? Vous voulez plus d’énergie : que pouvez-vous faire pour créer plus d’énergie sans vous focaliser sur vos douleurs ? Vous voulez vous sentir plus serein à l’intérieur : que pouvez-vous faire pour vous sentir plus serein sans vous focaliser sur la douleur ? Vous voulez une meilleure relation dans mon couple : que pouvez-vous faire pour développer ça sans vous focaliser sur cette douleur ? Je sais que c’est très conceptuel, très philosophique, mais faites-moi confiance, ça fait 20 ans que je suis dans le domaine de la santé à suivre des gens et en changeant cette perspective, quelque chose de magique peut commencer à se créer.  

 

Donc si vous vous trouvez dans une situation où vous avez un problème, surtout si ça fait maintenant très longtemps que vous avez mis de l’énergie dans ce problème et que ça ne change toujours pas, mettez le problème de côté, focalisez-vous sur ce que vous voulez et sur les stratégies que vous pouvez créer pour réaliser ce dont vous avez envie. Si vous avez un peu de difficulté avec cet exercice parce que ça fait tellement longtemps que vous êtes focalisé sur cette résolution de problème, partagez-moi en commentaire et je vous donnerai un feedback pour vous faire avancer.

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